Le pèlerin chérubinique

ou épigrammes et maximes spirituelles pour amener à la contemplation de Dieu

Quand donc l'homme est parvenu à une égalité si parfaite avec Dieu, et est devenu un avec Lui, et a atteint en Christ la filiation totale, il est aussi grand, aussi riche, aussi sage et aussi puissant que Dieu, et Dieu ne fait rien sans un tel homme, car Il est un avec lui : il lui révèle toute sa splendeur et ses richesses...

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Catégorie

Christianisme - Bibles

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Description

Comment surmonter l’impuissance des mots ? Si l’on ne peut dire, on peut éprouver : c’est tout le sens de l’expérience mystique. Paru en 1657, Le Pèlerin chérubinique est un ensemble de poèmes à caractère spirituel (1 676 distiques, 10 sonnets et quelques quatrains), de pensées et de maximes, véritable guide vers la contemplation de Dieu, mystère inaccessible qui échappe à toute description. “Pèlerin chérubinique”, c’est ce que doit devenir le lecteur pour accéder, en lui-même, à l’expérience d’un Dieu caché au-delà du langage.

Puisqu’il est impossible de parler de Dieu, il faut emprunter un chemin paradoxal et contradictoire : “Arrête, où cours-tu donc, le ciel est en toi : et chercher Dieu ailleurs, c’est le manquer toujours.” Sur cette ligne de crête entre parole et silence, dans une recherche incessante de vérité et de dépouillement de soi, Angelus Silesius touche aux limites du langage, au néant, voire à l’absence de Dieu. Leibniz le considérait ainsi comme étant de ceux “dont les pensées extraordinairement audacieuses, remplies de comparaisons ardues, confinent à l'impiété”.

En partie écrit avant sa conversion, ce livre reste l’œuvre maîtresse d’un jeune homme âgé de trente-trois ans à sa parution, reflet d’une quête intense, entre réflexion métaphysique, spéculation mystique et incandescence poétique. Ce texte majeur pour la littérature chrétienne joue de retournements perpétuels. En cherchant à dérouter le lecteur pour mieux le faire accéder à sa propre intériorité, il rejoint ainsi d’autres traditions mystiques, notamment orientales (du soufisme aux énigmes zen). Il comptera parmi ses lecteurs des philosophes, des écrivains et des poètes tels que Schopenhauer, Rilke, Wittgenstein, Heidegger, Blanchot, Borges, Celan, Derrida...